Lettre au Ministre du Patrimoine et des Langues officielles

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Besoin d'expression oblige, me voilà de retour sur mon blog avec une petite lettre envoyée à James Moore concernant la coupure budgétaire de la Fête du Canada.

Mon but ici n'étant pas de lancer un débat, mais bien d'avoir la chance de vous partager ce que je ressens et ce que j'ai tenté de démontrer à M. Moore.

Bonne lecture!

Monsieur le Ministre,

La présente est pour vous faire part de mon immense déception quant aux célébrations de la fête du Canada sur les Plaines d'Abraham le 1 juillet prochain. En effet, comme une partie de la population de Québec, je viens d'apprendre à l'instant la suppression de 50% du budget y étant alloué, éliminant ainsi la partie "soirée" de la fête, soit le spectacle de soirée et les feux d'artifices.

Comme plusieurs d'entre nous, j'ai grandi dans un milieu où débâtaient parents et grands-parents sur la question référendaire et où les René-Lévesque de ce monde figuraient parmi les plus grands. Par contre, malgré le manque de cours de politique et la désinformation à l'échelle nationale concernant ce grand débat qu'est la séparation du Québec, je n'ai jamais osé juger mon pays et j'ai toujours été fière de ce qu'il nous apportait. Ainsi, dès mon adolescence, j'ai pris la peine de voyager à travers ses provinces pour en apprendre davantage sur ceux qui comme moi, peuplent ce grand pays qu'est le Canada. Des plages du Nouveau-Brunswick à l'expérience amérindienne d'un Sweat Lodge, passant par les plaines manitobaines et les Rocheuses, sans oublier les majestueux canyons de l'Alberta, j'ai découvert, au fil des ans, une richesse incalculable au niveau du patrimoine, autant au niveau des richesses naturelles, architecturales que culturelles.

J'ai eu la chance, pendant ces années, de célébrer la Fête du Canada au Manitoba et de voir à quel point les manitobains y accordaient une si grande importance. C'était pour eux la célébration de l'année. Le moment marquant du début de leur été, où tous ensembles, ils avaient la chance de célébrer en l'honneur de ce pays dont l'hymne nationale est si plaisante à chanter. Mais il ne s'agit là que d'un exemple parmi tant d'autres.

Mais vous savez Monsieur le Ministre, cette frénésie, bien qu'on puisse penser être moins forte au Québec, je l'ai ressentie à maintes reprises lors des spectacles de la Fête du Canada à Québec même, faisant pour une fois partie de célébrations qui unissaient des touristes du Canada et du monde entier avec la population de la ville. Je sais que la partie familiale de cette journée sera conservée, mais ne semblez-vous pas oublier, au sein de l'administration Harper, que cette journée est un férié pouvant être déplacé, et que comme moi, plusieurs québécois et québécoises, à défaut de déménager, seront peut-être aussi occupés à gagner leur vie au travail? Ce travail, Monsieur le Ministre, c'est celui pour lequel notre gouvernement nous enlève des dollars afin de ce nourrir en impôts.

Je n'ai pas ici pour but de faire le procès de notre gouvernement et de ses élus, ni même de remettre en cause son fonctionnement, mais permettez-moi de vous dire, Monsieur le Ministre, que s'il y a bien un évènement pour lequel le gouvernement devrait accorder une grande importance, c'est le jour destiné à la célébration de son pays et ce, à travers ce dit pays.

Il bien beau de prévoir des budgets dans toutes les sphères du gouvernement, mais à quoi bon croire en la richesse d'un pays, s'il n'est même pas un jour par année ou l'on donne la chance à toute sa population de célébrer sa fierté d'en faire partie.

Je n'ai que 23 ans, et même si je continue de croire en la nécessité d'un Canada uni, il y a de ces moments, ou par la simple coupure budgétaire de la célébration la plus importante de l'année à l'échelle nationale, je me dis que même les personnes les plus qualifiées pour siéger au sein du gouvernement réussissent encore à me faire douter.

La richesse d'un pays, Monsieur le Ministre, c'est sa nation. Et telle une équipe de hockey qui rallie ses fans, il n'y a rien de plus primordial qu'une nation fière de se dire partisane de son pays. Ce n'est pas en écoutant le budget à la télévision ou en feuilletant les médias pour y découvrir les désapprobations et la rogne que notre nation pourra se dire fière de peupler le Canada.

Illuminer les yeux des enfants qui seront tout sourire sur les Plaines d'Abraham en ce jour du premier juillet, voilà un bonheur incontestable. Mais donner la chance aux gens de Québec de penser à autre chose qu'au Québec l'espace d'une journée COMPLÈTE, est là bien plus qu'important.

Soyez assuré que de mon bureau, en ce jour du premier juillet, j'aurai une pensée pour mon gouvernement, qui bien sûr m'offrira un congé férié en remplacement le lendemain, mais qui hors de tout doute, m'aura privé d'une magnifique soirée à revivre mes voyages et à repenser à toutes ces personnes rencontrées au fil des ans et qui au même moment, auraient été en train de célébrer la même chose que moi; la fierté du rouge et blanc.

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